Internationale Kulturwissenschaften
International Cultural Studies
Etudes culturelles internationales

Sektion X: Mehrsprachigkeit: Regionen, "Nationen", Multikulturalität, Interkulturalität, Transkulturalität

Section X:
Multilingualism: Regions, "Nations", Multiculturalism, Interculturalism and Transculturalism

Section X:
Plurilinguisme: régions, "nations", multiculturalité, interculturalité, transculturalité


Bojan-Ilija Schnabl (Wien - Bruxelles)

Allemand 

Anglais 
Problèmes de communications des langues moins répandues dans le discours d'intégration européen

Le discours de la diversité culturelle et linguistique est une des constantes fondamentale de l'intégration européenne, même si on ne lui a pas conféré la même importance pragmatique comme à l'économie.

Ce discours et surtout celui des problèmes de communication des langues moins répandues a une grande importance, si l'on considère ou bien les efforts de la francophonie pour garder sa juste place dans le monde ou bien ceux entrepris pour garantir au bien culturel de qualité qu'est le livre, même dans un marché linguistique aussi vaste que l'allemand, ses chances concurrentielles équitable dans le marché intérieur.

C'est un discours profondément positif et orienté vers l'avenir. Cependant, il devra être mené de manière sensiblement différente au sein des "grandes" ou "petites" langues, il doit être très différencié et ouvert, et c'est bien en cela que réside sa grande difficulté. Ce discours est très important pour le développement démocratique du processus de l'intégration européenne ainsi que pour soutenir le développement des ressources humaines; cependant, et c'est là sa différence de qualité, il est vital pour la survie des langues moins répandues.

 

I.) Problèmes de communications de langues moins répandues

Identité, conception du monde et capacité de réception cognitive

a) La langue, dans le cadre des réflexions sur les identités multiples, ne forme pas seulement notre façon de penser, c'est aussi un élément central de la formation de l'identité personnelle, même si ce n'en est pas l'unique. Cependant, ceux qui parlent des langues dominantes ne réalisent cela que de façon différente de ceux qui parlent des langues moins répandues ou non dominantes.

b) La conception subjective du monde, la façon de considérer ce qui paraît être évident du point de vue historique, social ou géographique, l'auto-estime et l'identité ont un lien avec les conceptions et les repères historiques transmis de génération en génération, les tabous qui y sont liés et la façon dont ils sont transmis.

c) Ces repères historiques subjectifs délimitent aussi le cadre de la capacité d'apprendre et de la disponibilité cognitive pour le dialogue interculturel ainsi que l'acceptation des droits des minorités linguistiques; ceci est d'autant plus vrai dans les relations avec ou envers le groupes ethniques plus proches géographiquement (les minorités dans les propre pays, car, en règle générale, on accepte bien plus volontiers des droits fondamentaux des minorités des pays lointains).

d) Les efforts au niveau européen à base de l'article 151 du Traité d'Amsterdam de promouvoir les connaissances de l'histoire et de la culture parmi les peuples voisins - et là non seulement des Etats nation - (tels que programmes scolaires communs, programmes d'échange de jeunes, etc.) sont, vu ces empreintes psychologiques profondes, d'autant plus importants que souvent ces idées reçues non-équilibrées deviennent des instruments de manipulations pour les courants politiques xénophobes. En particulier les langues moins répandues ou groupes ethniques minoritaires qui dans l'histoire ont été dominés, n'ont souvent toujours pas de possibilité de se retrouver dans les manuels scolaires des majorités. Le fait de les inclure pourrait dans ce cadre et dans biens des cas contribuer à augmenter l'acception sociale des politiques d'intégration.

 

Charte des minorités

Les processus de rédaction et de ratification de très longue haleine de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales ainsi que de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires - toutes deux faites au sein du Conseil de l'Europe à Strasbourg - montrent bien à quel point ces processus d'apprentissage sont lents au niveau de la société avant de devenir partie intégrante de la conscience sociale et de la conception des droits de l'homme, ce qui augmente la tolérance envers autrui.

 

Identités (re-)niées

Amin Maalouf, approfondi dans son œuvre "identités meurtrières" les réflexions sur l'identité. D'après lui, déjà le seul fait de devoir renier sa propre identité culturelle - à cause de pressions sociales ou politiques généralisées - engendre des troubles de personnalité et des traumatismes profonds ainsi que des réactions et des compensations évidentes. Ces traumatismes se génèrent d'après Paul Parin pendant plusieurs générations - donc bien au-delà de l'assimilation à proprement dit, c'est à dire le passage d'une langue à l'autre - et sont internalisés d'après des études récentes très fortement par les enfants. Font partie de l'instrumentaire de l'assimilation forcée le dédain social et le manque de prestige d'une langue, le fait de nier ou de renier l'identité historique d'une culture ou bien même le processus d'éviction d'une langue par rapport à son importance sociale. Certaines idées idéalisantes des politiques linguistiques historiques se voient relativisée dans cette perspective.

 

Hypothèques du passé

Dans cette voie de réflexion, bien des développement sociaux représentent donc une hypothèque pour la capacité de mener un discours d'intégration ouvert. La diversité culturelle et linguistique autochtone a été soutenue ou bien alors défavorisée de façon très différente dans les Etats membres de l'UE ou d'une région à l'autre.

Bien sûr, il faut aussi inclure dans les analyses le sort des quelques 13 millions de travailleurs immigrés, surtout dans les années 60 et 70, qui furent quasi "importés" des Etats tiers tels que du Maghreb ou de la Turquie. Il serait bien sûr aussi intéressant de faire des réflexions culturologiques sur notre société qui devient de plus en plus variée du point de vue culturel.

 

Potentiel de la diversité

Les langues régionales ou moins répandues représentent pour l'Europe un potentiel intellectuel particulier, en particulier aussi catalysateurs de processus créatifs pour les majorités. Elles doivent, pour pouvoir subsister, développer une créativité et donc une valeur ajoutée, socialement parlant, tels que par exemples les femmes en tant que groupe social défavorisé.

C'est dans ce cadre qu'il faudrait aussi analyser les conséquences du modèle social et économique libéral; de voir quelles sont les répercussions sur l'individu et quelles sur les groupes linguistiques. Le discours européen y trouve aussi certaines réponses.

 

II.) Le discours européen

Mainstreaming

Le rapport Escudero du Parlement européen (PE) sur la prise en compte des aspects culturels dans l'action de la Communauté européenne propose, tout à fait dans la logique de l'évolution européenne, un mainstreaming des questions culturelles, c'est à dire qu'il faudrait considérer les effets sur la culture dans tout autre acte tel que dans l'économie, et qui jusqu'à nos jours est si difficile à mettre en œuvre au quotidien législatif et exécutif européen.

Le conflit austro-allemand avec la Commission européenne sur la fixation des prix dans le marché du livre germanophone ou les discussions sur les répercussions du GATT sur la création artistique en Europe montre à quel point un tel mainstreaming doit être d'autant plus vital pour les langues moins répandues.

 

Viviane Reding, Commissaire pour la culture de l'UE

La question suivante fut posée à Mme Reding, commissaire de l'UE désignée, par le Parlement européen (PE), dans le cadre des ses auditions des nouveaux commissaires :

"Les langues européennes régionales ou minoritaires appartiennent au patrimoine européen de ce continent dont l'attrait repose moins sur l'unité que sur la diversité e ses cultures. S'agissant notamment d'organiser une année européenne des langues en 2001, de quelle manière la Commission peut-elle agir pour préserver ce patrimoine parfois menacé ?"

La réponse de Mme Reding :

"J'estime que la promotion de la diversité linguistique européenne constitue l'une des conditions essentielles de l'affirmation d'une citoyenneté européenne. Ceci est également valable pour les langues régionales et minoritaires. En effet, plus de 40 millions des ressortissants communautaires utilisent quotidiennement une de ces langues. Je rappelle par ailleurs que c'est sur l'impulsion du Parlement européen qu'une action en faveur de la sauvegarde et la promotion des langues minoritaires a été entreprise par la Commission. En effet, depuis 1981 le PE a formulé une série de propositions et de résolutions à ce sujet. A partir de 1983, un budget a été mis à la disposition de la Commission pour qu'elle agisse en faveur de ces communautés. La dotation de cette ligne budgétaire est passée de 100.000 ECU en 1983 à 4 MECU en 1999. La Commission de la culture, de la jeunesse, de l'éducation, des médias et des sports ainsi que l'intergroupe "langues minoritaires" ont suivi attentivement les activités entreprises.
     Pour cette raison, j'envisage de présenter à la Commission une proposition de programme pluriannuel pour le développement de la dimension européenne dans l'éducation par l'apprentissage, la promotion et la diffusion des langues régionales ou minoritaires.

     En ce qui concerne l'Année Européenne des Langues, j'ai effectivement l'intention de présenter à la Commission une proposition de Décision cette automne, aussitôt que ce sera possible.
     Il s'agira d'une Proposition de Décision à adopter par le Conseil et le Parlement selon la procédure de codécision et par conséquent le Parlement aura l'occasion de faire valoir ses positions.
     L'Année européenne, qui est organisée en coopération étroite avec le Conseil de l'Europe, devra contribuer à sensibiliser les citoyens à la diversité linguistique de l'Union européenne et à les inciter à apprendre plus de langues, ceci tout au long de leur vie. En effet, l'apprentissage des langues occupe une place capitale dans la construction de l'Union européenne et plus particulièrement pour la libre circulation des personnes et de la communication entre les personnes. En outre, la connaissance de langues est un facteur important pour l'employabilité des individus et la compétitivité des entreprises et de l'économie européenne dans son ensemble.
     Les différents textes adoptés tant par le Parlement européen que par le Conseil prévoient que tout citoyen devrait, dans la mesure du possible, connaître deux langues de l'Union européenne en plus de sa propre langue."

 

Subsidiarité

La subsidiarité, qui en principe est un pilier du rapprochement de l'UE au citoyen, peut représenter pour les langues régionales ou moins répandues un enjeu particulier. Car, ici aussi, le discours d'intégration culturelle ne peut être mené que de façon différenciée, selon que ces langues régionales ou minoritaires sont plus ou moins incluses de façon institutionnalisée dans les processus de décisions de leur région ou de leur Etat. Car là où les structures politiques n'incluent pas les minorités linguistiques, celles-ci se voient largement évincées des mécanismes de subsides au niveau européen.

 

Programmes de l'UE

Bien des problèmes dans le discours d'intégration pour les langues moins répandues se posent quant à la dimension même de l'intégration européenne, le nombre des Etats et d'habitants, du nombre des langues officielles et d'autres, respectivement de ceux qui les parlent, des masses démographiques critiques qui ont un poids certains dans la politique, les conditions de participation aux programmes qui ont des implications différentes pour les petites communautés que pour les grandes, les ressources financières et humaines disponibles ainsi que des impératifs de leur gestion. Il faut donc avoir dans ce cadre aussi une sensibilité accrue et une indulgence vis-à-vis des problèmes spécifiques des petites communautés linguistiques qui, on l'a vu plus haut, sont tout à fait en mesure - et elles le font - d'apporter leurs contributions, qui ont une importance pour la société entière et majoritaire.

Bien sûr et à titre d'exemple, les arguments démographiques et financiers, qui furent avancés par la Commission européenne dans le cadre de la participation des PECO dans les programmes de l'UE de formation, peuvent être en partie compréhensibles.

La proposition initiale de la Commission européenne ne prévoyait en effet, dans le cadre des activités de promotion des connaissances des langues étrangères, que la promotion des langues officielles de l'UE des 15, ce qui, cependant, poserait le problème fondamental de la compétition démographique dans le domaine de la culture. Le Parlement européen a pour cela élargi les programmes aux langues officielles des PECO (besoin d'intercommunication et déjà actuellement en partie langues officielles régionales de minorités dans l'UE des 15) ainsi que d'autres comme le romanes (gitan).

 

Elargissement culturel de l'UE

L'élargissement de l'UE est un des grands défis où la Commission de l'emploi et des affaires sociales du Parlement européen a voulu éviter par ses contributions quelques fautes du passé.

Dans son avis à l'Agenda 2000, qui donne le cadre politique de l'élargissement de l'UE, elle

"souligne, [point 19] que la préservation de la diversité culturelle est un facteur essentiel de la compétitivité globale de l'Europe, que son non-respect engendre des tensions sociales. La diversité culturelle est, de plus, une contribution essentielle au développement régional et social positif. Cependant, il faut prendre en considération la situation socioculturelle spécifique de minorités et groupes ethniques plus petits, car ils sont exposés aux pressions économiques et migratoires spécifiques."

 

Questions institutionnelles

La question des langues au Parlement européen (PE) lors de l'élargissement, n'est, quant à elle, pas encore définitivement réglée. Car jusqu'à présent, en principe, toute langue officielle d'un Etat membre de l'UE est en même temps aussi langue de travail du PE. D'un côté, une poursuite du régime aurait pour conséquence une multiplication des frais d'interprétation et de traduction, de l'autre, la structure des compétences du PE a tellement évoluée, qu'on y participe directement à la création des législations nationales. Limiter le nombre de langues de travail amènerait donc à abandonner la législation nationale à une petite élite plurilingue ce qui, vu la nécessité de développer des modèles de penser et d'action démocratique (en Europe de l'Est et de l'Ouest !) paraît extrêmement problématique.

Viviane Reding, Commissaire de l'UE pour la culture dit à ce sujet dans l'audition mentionnée ci-dessus :

" [...] chacun des membres du Parlement européen doit pouvoir continuer à s'exprimer dans sa langue et à recevoir les documents officiels dans cette langue. Plus généralement, chaque citoyen doit continuer à avoir le droit de s'adresser aux Institutions dans une des langues officielles et à recevoir une réponse dans cette langue."

Il faudra en outre aussi trouver un équilibre entre l'élément démographico-démocratique et les besoins concrets de la représentation politique de la diversité culturelle et linguistique dans le cadre du nouveau PE après les élargissements, dont le nombre maximum de députés a été fixé à 700.

 

Langues de travail du Conseil

Le conflit des langues de travail du Conseil germano-finlandais récent sur l'utilisation de l'allemand comme langue de travail du Conseil montre à quel point il est important de poursuivre et d'approfondir sans cesse le discours sur la diversité culturelle en Europe et de ses chances de développement. À l'argument du poids démographique, avancé une fois de plus, s'oppose dans le contexte donné, le fait que cette institution représente les gouvernements des Etats membres qui sont tous égaux et que l'Europe ne peut se donner à une course démographique.

 

Conclusion

Le discours européen sur la diversité culturelle et linguistique est un discours profondément positif et orienté vers l'avenir d'une Europe intégrée et démocratique et n'est ni une fin en soi, ni un attachement crispé au passé. Il devra naturellement être mené de façon sensiblement différente au sein des "grandes" et "petites" langues, il doit être différencié et ouvert. Et c'est en cela aussi que réside un certain malaise, souvent compréhensible, qui va même jusque dans les différents champs politiques, qui eux devront reconsidérer leurs points de vue et leurs préférences traditionnelles.

Car la Vienne de 1900, Paris, New York ou Londres ne pourraient ni ne pouvaient devenir les centres culturels tels que nous les connaissons, sans les contributions des immigrés et de leur arrière pays souvent composés de différentes cultures. C'est pour donner à ce bouillon de culture, à la démocratie et aux droits de l'homme une chance structurelle et réelle de se développer, que fut entamé le discours positif sur la diversité culturelle qui ne devrait pas se limiter aux quatre ou cinq grandes langues européennes.



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