Trans Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften 15. Nr. März 2004
 

2.2. Perspectives anthropologiques sur la mondialisation des cultures: permanences, évolutions, révolutions
Herausgeber | Editor | Éditeur: Pascal Lardellier (Université de Bourgogne, Dijon, France)

Buch: Das Verbindende der Kulturen | Book: The Unifying Aspects of Cultures | Livre: Les points communs des cultures


Résumé: Perspectives anthropologiques sur la mondialisation des cultures: permanences, évolutions, révolutions

Pascal Lardellier (Université de Bourgogne, Dijon, France)
[BIO]

 

Cet atelier a rassemblé une quinzaine de chercheurs venant de France pour la plupart, mais aussi des Etats-Unis d'Amérique, du Brésil à réfléchir autour de cette problématique, envisageant "les "Perspectives anthropologiques sur la mondialisation des cultures". Ces enseignants-chercheurs (Professeurs, maîtres de conférences, Docteurs) appartenaient pour la plupart d'entre eux aux sciences de l'information et de la communication. Mais ils venaient aussi de la sociologie, de la linguistique, de la sémiotique
La section s'est déroulée dans une grande cordialité, avec des échanges fréquents et fertiles, et de nombreuses questions ont suivi chacune des interventions.

Quelques mots - cinq - pourraient résumer les débats et les problématiques de cette section :

Deux mots semblaient évidents au début de la conférence, et il y en a beaucoup dans les discours de la séance plénière de l'ouverture du colloque :

Interculturalité, d'abord. Penser la culture, dans ses permanences et ses différences, telles est finalement la mission première de l'anthropologie, mais aussi, par extension, de toutes les sciences sociales. Cette conférence internationale nous invitait à cette réflexion foncièrement interdisciplinaire, par son intitulé large : "les points communs des cultures". Cet atelier a tenu à ce niveau-là toutes ses promesses. L'origine des conférenciers (certains d'entre eux ont vécu longtemps au Japon, à Taiwan, à Madagascar) ainsi que le thème des conférences, traitant toutes à la fois des points communs et des différences culturelles, ont permis de vraiment avoir un éclairage anthropologique sur ces "points communs des cultures". Ce regard était ancré dans la modernité, et les conférences traitaient des représentations médiatiques, du SIDA, des figures postmodernes de l'Utopie, d'Internet - entre autres. Et nous avons pu confirmer la pertinence d'un angle d'étude anthropologique, même sur des sujets "postmodernes".

Interdisciplinarité, ensuite. Les sciences humaines et sociales se sont spécialisées à l'extrême depuis quelques décennies, en "découpant" et parcellisant l'approche des réalités humaines en de plus en plus de domaines, courants, secteurs. Néanmoins, il nous semble important de redire que des approches larges, amples, sont aussi nécessaires, pour saisir le fait social dans sa totalité, dans sa complexité. Et c'est au carrefour où se rencontrent les disciplines et les théories que ces vues sont permises. Croiser les méthodes, les problématiques, les approches, ceci est fondamental. Nous étudions tous le fait humain et social, dans son infinie diversité, et sa complexité infinie, mais avec des approches différentes. L'interdisciplinarité permet de porter sur ces objets (langues, productions culturelles, etc.) un autre regard, une autre lumière. Bien sûr, l'interdisciplinarité doit être pratiquée en toute rigueur, et de manière collégiale, afin d'éviter les erreurs méthodologiques, ou les croisements théoriques hâtifs. Néanmoins, elle permet d'obtenir des résultats étonnants, quand elle parvient à être pratiquée de manière heureuse. Selon tous ses participants, cet atelier a été un modèle d'interdisciplinarité réussie. Les Actes à paraître bientôt en témoigneront.

Au terme du travail, après trois jours entiers de réflexion, trois mots sont apparus, et sont venus compléter les deux premiers. Ces trois mots sont :

Différences. "Les points communs des cultures", disait en guise de programme le titre de cette conférence. Mais dans cet atelier, comme dans la plupart de autres, probablement, il n'a été question que de penser les différences des cultures, et ce qui néanmoins, est commun "aux hommes en société", par-delà même ces différences. Question vertigineuse, qui contient toute la quête anthropologique... Le même et l'autre. Le semblable et le différent. Et d'un point de vue théorique, souvenons-nous avec Ray Birdwhistell que l'intérêt des sciences sociales, c'est d'observer les productions sociales et culturelles, pour percevoir "la différence qui fait la différence".

Distance, de même. Pour chacun d'entre nous, considéré comme être humain, sujet social et chercheur aussi, il semble très important de trouver la "bonne distance". Entre nous tous, pour ne pas être dans la fusion ni dans l'indifférence, et aussi dans le rapport que nous entretenons avec nos objets de recherches, pour éviter la fascination et donc les parti-pris, ou la réification excessive. La bonne distance, c'est celle que nous cherchons intuitivement quand nous sommes devant un tableau, dans un musée. Trop près, et les perspectives nous échappent. Trop loin, et ce sont les détails qui deviennent fuyants. La même chose doit donc être pratiquée avec ce que nous étudions.

Réflexivité, enfin. La réflexivité, ou le juste retour sur soi-même, ce revertendo des Romains de l'Antiquité, qui permettait une introspection. Il convient de ne pas oublier que c'est nous-mêmes que nous étudions dans la sphère des sciences humaines et sociales. Nos recherches sont-elles alors à considérer comme des thérapies ! ? En tout cas, il ne faut pas oublier que c'est une partie de notre histoire collective que nous cherchons dans celle de autres, et prendre conscience de cela permet d'introduire de l'humanisme dans nos études. Et dans chacune des conférences entendues durant ce colloque, il y a bien sûr une dimension théorique, mais aussi un itinéraire personnel qui est raconté, en filigrane.

Pour conclure, il convient de redire que nous vivons une époque troublée, en ce début de 3° millénaire. Ere de "choc des civilisations" et de "guerre des cultures". C'est dans ces moments que le scientifique et l'intellectuel doit oser faire sortir son savoir des livres et des bibliothèques, c'est alors qu'il doit savoir faire entendre sa voix dans les espaces publics et médiatiques ; sinon cette parole est accaparée par les experts, et les journalistes. Et pourtant nos sciences humaines et sociales sont porteuses de bien de clés pour aider à comprendre la complexité du monde contemporain, dans la violence de ses mutations et les troubles de ses métamorphoses.

© Pascal Lardellier (Université de Bourgogne, Dijon, France)

2.2. Perspectives anthropologiques sur la mondialisation des cultures: permanences, évolutions, révolutions

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For quotation purposes:
Pascal Lardellier (Dijon): Résumé: Perspectives anthropologiques sur la mondialisation des cultures: permanences, évolutions, révolutions. In: TRANS. Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften. No. 15/2003. WWW: http://www.inst.at/trans/15Nr/02_2/laredellier_report15.htm

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