ABSTRACT:
La société postmoderne afflue de créations fictionnelles - littéraires, cinématographiques, multimédia, etc. - où l’on assiste à la re/création de nouveaux types héroïques et où le fantastique est présenté comme une sorte d’autre facette parallèle et complémentaire, mais bien perceptive, du monde réel. Il y s’agit d’une réaction naturelle de l’homme au seuil du troisième millénaire contre à ce que Mircea Eliade signalait déjà au milieu du XX e siècle, la désacralisation, la "stérilisation de l'imagination- dans le monde moderne.
Dans un milieu terrestre où les limites spatiales sont abolies et dans une société qui tend vers la globalisation, l’être humain cherche à garder, voire retrouver, son identité spirituelle, ses origines culturelles. Cela est possible par l'imagination qui est solidaire, selon Eliade, du point de vue étymologique, avec "imago- - représentation, imitation -, et avec "imitor- - reproduire, imiter. L'imagination "imite- donc, par les mythes et les symboles, les modèles exemplaires, archétypaux, de l'existence "paradisiaque-, primordiale, de l'humanité, les reproduit, les réactualise et les répète à l'infini. La période "paradisiaque- signifie, chez Eliade, le temps où l’homme communiquait/communiait avec l’univers dont il en révélait les mystères à travers les structures mythiques, archétypiques, qui sont réalisées par la répétition rituelle et symbolique de l'Acte Créateur Primordial.
Lucian Blaga et Paul Claudel, écrivains européens majeurs, philosophes et chrétiens (l’un orthodoxe roumain et l’autre catholique français) situent l'homme dans l'univers des mystères - transcendants - qu'il s'efforce de re-co/n/naître. Ce processus de re-co/n/naissance suppose la réflexivité mais aussi la révélation. Tous les deux écrivains ont puisé leur veine fictionnelle dans les idées expressionnistes qui animaient l’Europe culturelle dans la première moitié du XX e siècle, dans la religion selon laquelle ils communiaient avec Dieu et - Blaga notamment - dans la tradition populaire, tout en maniant de main de maître les structures mythiques et symboliques du patrimoine universel.
Le symbole du "voyageur- avec tous son corollaire de symboles connexes - le chemin, le voyage, le pèlerinage, l’Hermite, le prophète, le fondateur de cité, le bâtisseur de cathédrales/monastères, le découvreur/Christophe Colomb, le créateur/le poète, le combattant/héros national - représente le noyau central de l’œuvre dramatique de ces deux auteurs, et sa connotation initiatique offre le meilleur prétexte pour un ample périple à travers les cultures, les mentalités, les religions, les styles et les formes d’expression artistique. |
