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Intertextualité de la ville (à propos des « mises en scène » de Venezia)
Michel Costantini (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis) [BIO]
Courriel: mic.costantini@wanadoo.fr
RÉSUMÉ:
Pour dire une ville en tant que ville il faut adopter un point de vue, qu’on nommera, quelque peu tautologiquement, celui de l’urbanité. Ainsi, quel que soit le type de discours littéraire (poème, roman, récit de voyage, etc.), scientifique (analyses ou projets architecturaux et urbanistiques), ou plastique (peinture, gravure, mais aussi mosaïque, on pense à telle figuration d’un des deux ports de la Corinthe antique, celui de Kenkhreai), la « bonne » description de la ville en tant que telle est celle qui exhibe les marques de l’urbanité.
Dans la communication présente, on s’efforcera de montrer que la Venise (Venezia) des védutistes vénitiens est exemplaire de ce point de vue, qui fait à la fois la force et les limites de leur ¦uvre. La ville représentée y est moins approchée dans sa « véracité de ville » par le geste référentiel (le tableau proclamerait « ceci est la véritable Venise ») que dans le jeu de l’intertexte : le tableau s’applique à répondre à la question « comment signifier l’urbanité, et cette urbanité spécifique ? », et ce à la fois ‹en amont par la relation qu’il entretient avec les mises en scène antérieures de Rome par exemple, ou de Venise même ; ‹ en concomitance temporelle par la relation avec les gravures d’après Carlevaris ou d’après Canaletto, avec les peintures de Londres par ce même Canaletto ou de Dresden par Bellotto, entre autres ; ‹en aval, enfin ‹pour le récepteur des siècles suivants‹ par la métamorphose de la ville dans d’autres « mises en scène », celle de Turner particulièrement, où est remise en cause l’identité urbaine établie par les védutistes.
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