La migration de travail des femmes tadjikes en Russie: typologie des migrantes et conséquences sociales

Nafisa Khusenova

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ABSTRACT:

Phénomène nouveau du Tadjikistan indépendant, la migration de travail massive, principalement en Russie, joue un rôle considérable dans l’économie nationale et celle des familles. La place croissante des femmes dans ce phénomène migratoire, surtout depuis 2003, est une autre nouveauté dans l’histoire du pays et de la société. 15% des migrants tadjikistanais en 2002 étaient déjà des femmes.

Ces migrantes occupent en général des postes non qualifiés dans des secteurs bien précis: dans le commerce et sur les marchés (en tant que commerçantes de navette – ce qui requiert un niveau d’éducation supérieur – ou que simples vendeuses), dans les services et la restauration, dans l’agriculture. En dépit de l’extrême dureté et de la nature dégradante des conditions de migration, de vie et de travail, elles sont poussées vers cette activité économique par la nécessité d’assurer la survie de leur famille, dont elles sont souvent devenues le chef après le départ du mari (en général en cas de disparition ou de divorce). Ces femmes migrantes acquièrent ainsi un rôle économique et social majeur qui, dans la société conservatrice du Tadjikistan, entraîne des changements et des tensions dans les rapports sociaux, en particulier au sein de la famille, entre hommes et femmes mais aussi entre parents et enfants.

La typologie des femmes tadjikes migrantes, leurs conditions générales de vie et les conséquences sociales de leur nouvelle condition se fondent en grande partie sur des enquêtes menées récemment à Moscou, ce que complètent des sources secondaires.