Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften | 17. Nr. | März 2010 | |
Sektion 4.2. | Different Ways of Thinking: Formation – effects – interactions | Verschiedene Denkweisen: Entstehung – Wirkungen – Zusammenwirken Sektionsleiter | Section Chair: Arne Haselbach (Wiener Denk-Werkstatt) and David Simo (University of Yaounde) |
Une Gare face à l’Europe, Haydarpaşa
Neriman Eratalay (Université de Hacettepe, Turquie) [BIO]
Email: nerimaneratalay@yahoo.com
Résumé:
Située sur la côte asiatique du Bosphore, la Gare de Haydarpaşa accueille les voyageurs venant de l’Occident et ceux de l’Orient pour les orienter ensuite dans les deux directions opposées. Elle se dresse majestueusement encore aujourd’hui pour saluer ceux qui débarquent pour la première fois, à İstanbul. Sur la côte européenne une autre gare historique, celle de Sirkeci marque la fin du réseau ferroviaire traversant tout le Continent de l’est vers l’ouest. C’est là où descendaient les voyageurs en provenance d’Europe et, traversant le Bosphore en bateau, reprenaient le train à Haydarpaşa pour poursuivre leur voyage à l’intérieur du pays. Haydarpaşa évoque non seulement les bâtiments des gares, mais en même temps tout le quartier résidentiel avec son port, ses écoles construites en pierres de taille, ses hôtels de ville qui se placent parmi les plus beaux édifices de l’époque ottomane et républicaine. Endommagée pendant la première guerre mondiale, cet endroit cosmopolite où se sont croisés les chemins et les destins se voit actuellement menacé par la planification urbaine. Ce bel exemple de patrimoine mondial mérite l’attention et la protection de tous les défenseurs de l’histoire et de la culture.
Une ancienne capitale telle İstanbul vit son histoire avec ses monuments et édifices qui en témoignent. Les grandes édifices abritent les institutions et les lieux fréquentés par le grand public sont des endroits où fleurisse la vie sociale d’une communauté hétérogène. Nous pouvons grouper en quelques catégories les constructions historiques qui caractérisent la ville: les vestiges des remparts, la Tour de Galata (1348), les palais, les mosquées, La Tour de Léandre sur un îlot et d’innombrables mausolées. D’autres édifices comme les fontaines, les bains publics, ou des espaces tels que les promenades, les marchés en plein air ou couverts de coupoles (le grand Bazaar d’Istanbul) ont eu une place importante dans la vie quotidienne des citadins, et se dressent encore aujourd’hui comme des témoins de la vie passée de la ville elle –même.
Byzance a été fondée comme une colonie grecque au VIIe siècle avant J.-C., sur le site de laquelle, Constantin a fait construire Constantinople, entre 324-336, inaugurée en 330 en tant que résidence d’empereur. La ville appelée Byzantium, puis Byzantion, était alors située à l’emplacement actuel du Palais deTopkapı. Un hippodrome construit en 196 et était connu sous le nom de At Pazarı (Marché aux Chevaux). De grandes murailles entouraient la ville et protégeaient le Palais, et elles ont été élargies à plusieurs reprises suivant l’accroissement démographique des habitants. Il en reste quelques vestiges. Les forums byzantins ont été remplacés à l’époque ottomane par des mosquées et des complexes d’études supérieures appelés Külliye qui abritaient traditionellement une mosquée et un Medrese en guise d’école, une bibliothèque y était jointe. A part les grandes surfaces occupées par des monuments et édifices, les rues et les habitations changeaient de figures à cause des incendies et tremblements de tere. Il n’y avait pratiquement pas de grands axes dans la ville et le transport se réalisait par bateaux ou par petites embarcations. A la suite d’une concentration d’habitations et d’autres constructions dans le quartier cerné des murs et qui donnait sur la Corne d’Or et la mer Marmara, la ville était devenue un centre de commerce très actif. Elle a pu garder jusqu’au XIXe siècle son importance en tant qu’une ville commerciale tout en s’habillant des aspects d’une ville européenne. Des ambassades y sont installées et des banques et sociétés d’assurances étrangères n’ont pas tardé à y metre en service leurs succursales. Le déménagement du palais impérial de Topkapı à Dolmabahçe (1853) se révèle important dans l’histoire de l’empire, car, c’est la première fois que les sultans quittaient la vieille ville, pour résider plus au nord et cet événement a ouvert la voie à d’autres constructions de palais sur le Bosphore, et à l’implantation de nouveaux quartiers résidentiels sur la rive asiatique, à Kadıköy et à Üsküdar.
Nous devons noter que les rapports sociaux connaissent, à leur tour, une grande expansion et les expéditions sont lancées à partir des ports et des gares, considérés désormais comme les hauts lieux de grands événements.
Par suite à cette évolution un grand changement s’est produit sur Le Bosphore c’est le lancement des nouveaux modes de transport, la firme Şirketi Hayriye a mis en service des bâteaux qui assuraient la circulation sur le Bosphore(1850) et une solution typiquement locale, le tramway tiré par des chveaux (1869) et finalement l’installation de la gare de Sirkeci d’abord, sur la côte européenne et la voie ferroviaire commançant à Haydarpaşa sur la côte asiatique, limitée initialement au trajet İstanbul-İzmit. L’appellation Haydarpaşa évoque non seulement les bâtiments des gares, mais en même temps tout le quartier résidentiel avec son port, ses écoles construites en pierres de taille, ses hôtels de ville qui se placent parmi les plus beaux édifices de l’époque ottomane et du style républicain.
La nouvelle aventure d’une gare bientôt âgée de cent ans a été déclenchée il y a peu de temps, en 2005, par une lois décrétée à l’Assemblée et qui prévoyait l’abandon des terrains occupés par la gare avec ses annexes à la direction de la Société des Chemins de Fer turque (TCDD) et l’autorisation du Ministère de la Construction pour y procéder à toutes sortes d’aménagements et de constructions. Un projet élaboré à cet effet comprenait sept gratte-ciel sur les mêmes lieux, mais il a été rejeté par le Conseil des Monuments Historiques, ce qui a rendu publique cette entreprise jusqu’alors inconnue de l’opinion publique, et des réactions n’ont pas tardé à se manifester. La gare, située sur la rive asiatique du Bosphore, sert comme le terminus des voies ferrées de l’occident tout comme il l’a été pour le fameux itinéraire de l’Orient Express. Elle continue à assurer la liaison de la ville d’İstanbul avec tout le pays et les pays avoisinants du sud et de l’est.
Les terrains où la première construction des chemins de fer reliant İstanbul à İzmit et celle de la gare au bord de la mer ont été entreprises appartenaient à Hadım Haydar Paşa, vizir en 1533, d’où le nom de la gare initiale. La pierre utilisée pour la construction de la gare a été puisée à Osmaneli, un village appelé autrefois Lefke et connu par sa pierre qui porte le même nom.
L’installation de la ligne de chemins de fer İstanbul-İzmit a été entamée en 1873 avec la construction de la gare au bord de la mer dont l’exploitation a été confiée à une firme britannique, puis à une compagnie allemande. Des entrepôts et un quai sont bâtis entre 1899-1903. La gare initiale se révélant insuffisante, Le Baghdad Railway, le plus important projet de l’empire au XIXe siècle, a été mis en œuvre, pour la construction d’une nouvelle gare avec un port maritime. Conçu d’après les plans des architectes allemands Otto Ritter et Helmuth Cuno, le nouveau bâtiment a vu le jour
à partir de l’an 1906 et l’inauguration du grand hall des passagers date de 1908. Les deux ailes seront entièrement construites deux ans plus tard. Le bâtiment principal avec sa façade tournée vers la mer a été installé en partie sur mille sept cent piquets de vingt-et-un mètres de long enfoncés dans l’eau qui lui ont permis de gagner du terrain, à l’endroit où la mer recouvrait jusqu’en 1903 l’emplacement où se trouve la gare actuelle.
Couronné de deux tours, pièces circulaires, avec un toit pointu en bois et recouvert d’ardoises, le bâtiment est orné sur sa façade d’un immense horloge de style baroque et il abrite au rez-de-chaussée le hall des départs, et les cinq étages sont occupés par des bureaux. Des corridors peints et des plafonds dorés, il nous reste un seul exemple qui a pu garder sa décoration d’origine. L’intérieur des salles était couvert de velours rouge. Ainsi y surgissait-elle une ambiance riche en couleurs et en émotions. Cette illustration de l’architecture allemande de style néo-renaissance abritait à l’époque le Restaurant de la Gare, un lieu prestigieux décoré des faïences du Maître Mehmet Emin.
Endommagée à plusieurs reprises, par suite à des incendies ou explosions, la gare de Haydarpaşa, a été restaurée et rénovée à quatre-vingts pour cent.
Dès le début des premiers travaux de construction se sont alignés des bâtiments et arrêts tout au long de la voie ferrée et se sont ainsi établis d’importants points de relais entre les quartiers résidentiels de la rive asiatique peuplé e en été par les habitants de la péninsule historique. Au commencement du trajet initial d’Istanbul-İzmit, prolongé plus tard, peu d’exemples de châlets et d’hôtels particuliers ont subsisté.
Dans les terrains avoisinants, La Faculté de Médecine a été fondée en 1903 sous le nom de L’Ecole de Médecine, Mektebi Tıbbıye. Les bâtiments ont servi , de 1933 jusqu’à 1983 , comme un lycée et comme un hôpital, les deux portant le nom de Haydarpaşa. Le complexe abrite actuellement l’hôpital de L’Université de Marmara.
La gare de Haydarpaşa, cette édifice majestueuse garde encore son identité historique et remplit ses fonctions modernes. Elle sert de salle de concert et abrite des manifestations culturelles, expositions et performances artistiques.
De nouvelles fouilles entreprises dans la région ne cessent pas d’étonner les hommes de sciences. C’est un fait que les récentes découvertes sont en grande partie dues aux travaux d’urbanisation moderne qui mettent au jour des constructions ou épaves ensevelies depuis des siècles, ce qui permettrait de remonter aux sources antiques pour ne pas évaluer la ville, les monuments et édifices uniquement selon le passé récent . Les villes se développent et une réhabilitation s’impose, mais le renouvellement–rénovation devrait s’opérer sans démolir. Il importe donc de sauvegarder les vestiges d’une énorme succession de civilisations qui remontent à plusieurs siècles. Nous devons considérer que les monuments ne sont pas seulement des œuvres d’art mais constituent également l’archive des civilisations. Cette ville portuaire, située à l’intersection des civilisations mérite bien un nouveau regard et une nouvelle attention au sujet de la sauvegarde de l’histoire pour ne pas la sacrifier à la modernisation.
4.2. Sektionstitel
Sektionsgruppen | Section Groups | Groupes de sections
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