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Mémorandum international pour la promotion des sciences de la culture

1. Le point de départ

Dans un document de l'UNESCO intitulé "Our Creative Diversity" la culture est définie comme étant "the total and distinctive way of life of a people or society". Et c'est dans cet esprit que nous définissons les sciences de la culture comme appartenant aux disciplines scientifiques dont l'objet doit, ou devrait porter sur la culture au sens large du terme.
L'interrogation portant sur l'avenir de ces différentes sciences de la culture est particulièrement liée aux changements fondamentaux intervenus au cours des dernières décennies, à la définition de la culture contenue dans le document de l'UNESCO ainsi qu'à l'état actuel des recherches. La discussion porte sur la matière sur laquelle se fonde cette recherche, sur les formes qu'elle revêt, sur son enseignement, sur le débat public qu'elle soulève ainsi que sur les champs d'applications pour les futurs professionnels. Jusqu'ici et face aux nouvelles exigences et aux besoins émanant de milieux divers, la réponse consistait à mettre en place des "universités de masses". De nouvelles disciplines firent alors leur apparition. La naissance de l'interdisciplinarité comme forme possible d'acquisition du savoir (tout en étant bien loin encore de la transdisciplinarité) était plutôt de l'ordre de la propagande que de celui d'une pratique scientifique. Nombreux furent ceux pour qui le concept d'interculturalité gagna en signification, sans pour autant représenter une approche possible permettant une meilleure compréhension et une analyse de processus d'internationalisation de plus en plus forts et complexes. Jusqu'à présent, les nouvelles technologies jouent essentiellement le rôle d'outils d'écriture perfectionnés ou celui de services de messagerie électroniques, lorsqu'ils ne font pas tout simplement office de décor dans les bureaux. On a évoqué l'apparition de nouvelles structures d'information qui, au niveau qualitatif, ont lancé de nouveaux défis à la recherche. Mais dans la plupart des cas, elles n'ont fait que l'objet d'une intégration ornementale dans la recherche et l'enseignement. Le changement partiellement intervenu quant à la fonction des sciences de la culture (à titre d'exemple, voir une liberté plus large par rapport aux luttes idéologiques entre nations ou confédérations d'Etats) n'a pas encore provoqué de véritable réévaluation de l'autodétermination des projets d'études scientifiques. Aux nouveaux horizons professionnels qui s'ouvrent à ceux qui sont formés auprès des universités dans les domaines des sciences de la culture, viennent s'ajouter de nouvelles structures administratives, de collections, de documentation, d'analyse, de formation et de représentation, souvent perçues comme allant à l'encontre des formes traditionnelles de la pratique scientifique. Des systèmes de délimitation dépassés ainsi que le pouvoir exercé par une hiérarchisation étrangère au monde scientifique contribuent considérablement à ralentir le processus scientifique.

2. Les réactions au sein de la société

Il est donc peu surprenant de voir à quel point les avis au cours des dernières années et décennies ont divergé au niveau international lorsqu'il s'agissait du rôle effectif et possible joué par les sciences de la culture au sein de la société. En cette période de bouleversements, on constate d'une part une restriction des budgets accordés aux sciences de la culture (tout comme ceux accordés à l'art), restriction due aux développements contradictoires et à la fixation d'objectifs différents, d'autre part, un document de l'UNESCO tel que "Our Creative Diversity" montre bien combien l'art, la culture et les sciences de la culture peuvent et doivent, de nos jours, jouer un rôle essentiel dans la formation et le développement d'une communauté internationale.

3. Des changements autodéterminés

C'est aux sciences de la culture d'affirmer leur nouveau rôle au sein de la société tout en tenant compte de leurs divergences. Il est indispensable de respecter les perspectives nombreuses et diverses, de promouvoir la compréhension du caractère unique des oeuvres d'art et des moments distincts inscrits dans les processus culturels. Ces formes traditionnelles exigent cependant l'intervention d'importantes structures de recherche internationales et des moyens informatiques adéquats. Cela requiert l'existence de forums internationaux, de structures de recherche et de données dynamiques, ainsi que de structures ouvertes et autonomes pour la subvention. Celles-ci sont indispensables au traitement et à l'analyse de champs de données devenus plus complexes. Elles doivent favoriser l'acquisition plus rapide de nouvelles connaissances et ouvrir à cette science de nouvelles perspectives en intégrant continuellement l'état actuel des connaissances. Les formes de représentation utilisées pour la formation et le public doivent davantage s'appuyer sur des structures de communication et d'orientation déjà en place. Ce qui suppose une meilleure exploitation des nouvelles méthodes ainsi qu'une formation permettant de recueillir des informations au sein de systèmes se modifiant ou se constituant.

4. Des approches pour la recherche

Au cours des dernières décennies, on a pu assister au développement d'approches multiples, permettant le déploiement d'un large éventail de moyens scientifiques. Leur mise en oeuvre doit permettre l'approche d'objets de recherche d'une plus grande complexité et l'élargissement des champs de documentation. En raison de la quantité du matériel et des limites des structures anciennes, on a pu en outre constater une différenciation dans les domaines de recherche. De nouveaux domaines d'application ont pu être créés grâce aux nouveaux défis de la société, telle que la découverte de la culture comme facteur économique essentiel. Cela signifie un nouvel élargissement qualitatif des domaines de travail au sein d'un processus culturel inscrit en pleine mutation ainsi que des modifications en matière de communication. Des structures canonisées se voient constamment remises en question. En prenant en considération des champs de données à grande échelle, la constitution complexe de processus artistiques et culturels peut faire l'objet de collections, de traitements, d'analyses et de représentations. A cet égard, il s'agira de tenir compte des technologies les plus avancées.

5. L'organisation de la recherche

C'est dans l'objectif de mener à bien et de manière efficace les projets cités que fut créé entre autres "L'institut pour l'étude et la promotion de processus littéraires en Autriche et dans le monde" (Vienne). Cet institut se veut être un forum international, ouvert aux scientifiques, aux universitaires, aux membres d'académies scientifiques, et doit servir de plaque tournante à de nouvelles formes d'activités dans les domaines de la recherche et de la documentation, ainsi qu'à d'anciens et de nouveaux centres de recherche.

6. Quelques projets de la recherche

Actuellement, la recherche et l'enseignement sont trop souvent soumis à d'anciennes hiérarchies, à des enseignements et des disciplines étroitement définis et, dans certains lieux, à des structures d'administration nationalistes. Cela conduit souvent la recherche sur des "processus d'internationalisation" à se cantonner dans une seule langue, une seule sphère d'influence. Voilà pourquoi la reconstitution des sciences de l'histoire, le développement de moyens de communication et d'une logistique scientifiques fondés sur une nouvelle base seraient d'une importance primordiale.

Pour citer quelques exemples de projets de cet ordre entrepris par l'Institut:

6.1. Une bibliographie des experts culturels de la monarchie des Habsbourgs: reconstitution d'une tradition ensevelie et détruite par l'occupation du national-socialisme et par la dictature stalinienne, une tradition au cours de laquelle les chaires d'enseignement n'étaient pas uniquement destinées à être des "institutions permettant la propagande de cultures nationales".

6.2. Une histoire de la littérature autrichienne également considérée sous l'aspect de la mutation d'un processus littéraire au cours duquel différentes langues se virent et devinrent porteuses de la communication littéraire. Des structures de communication subissent des transformations essentielles. Les concepts et les frontières se modifient.

6.3. Des projets sur le rapport entre les sciences de la culture et les systèmes d'information. Cela implique la nécessité de procéder à l'inventaire, à la reconstitution et à la conservation d'un patrimoine culturel à l'aide de bibliothèques, d'archives et de musées, et soulève également des questions concernant leur accès. Il s'agit, là aussi, de collections et de reconstitutions répondant aux besoins de la recherche.

6.4. Des projets scientifico-culturels de l'Union Européenne et de l'UNESCO.


7. La politique scientifique

Les Universités, les Académies des Sciences, les nouveaux centres de recherche et de documentation doivent pouvoir bénéficier de possibilités financières permettant leur mise en place, leur réaménagement et l'organisation de leurs nouvelles activités. Les objets sur lesquels portent la recherche ainsi que les formes de documentation évoluent, de nouvelles perspectives s'offrent à l'analyse et à la représentation scientifique. Dans ces domaines, il faut viser à être aussi efficace que possible, cette efficacité étant d'importance capitale pour la collaboration au niveau international. Ceci exige non seulement un changement de pensée radical en matière de politique des subventions, mais suppose aussi une restructuration des institutions de recherche et de la présentation de ces résultats dans le domaine public. Ce processus nécessite l'implication des institutions de la société. Il s'agit également de repenser les possibilités du point de vue de l'emploi.
L'UNESCO devrait pouvoir fournir des budgets plus importants, quant à l'approche de l'Union Européenne en matière de promotion de la recherche culturelle, des modifications s'imposent. Sans moyens adéquats, que les pays et les communes respectives devront également mettre à disposition, il faut craindre l'apparition d'un appauvrissement culturel avec toutes ses conséquences néfastes dans tous les domaines de la société et des échanges internationaux.

8. Les perspectives

Les signataires invitent les organisations internationales, les gouvernements, les administrations communales, les fondations scientifiques, etc., à mobiliser les moyens nécessaires, permettant de donner aux sciences de la culture la possibilité de procéder à des restructurations afin de pouvoir mener à bien les nouvelles exigences et de pouvoir assumer ses nouvelles tâches au sein de la société.

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TRANS. Revue électronique de recherches sur la culture
 
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Publié 1998 / derniere mise à jour: 2000-09-01                                  Location (URL): http://www.inst.at/mem_f.htm
© Institut de recherche de littérature et civilisation autrichiennes et internationales (INST), 2000
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