ABSTRACT:
Le développement et l'insertion des TIC dans le groupe professionnel suscitent un débat autour de leurs usages, des relations communicationnelles et socio-professionnelles qui peuvent s'y développer. La problématique du rapport de l'usager aux techniques d'information et de communication est largement posée dans les sciences de l'information et de la communication. L'une des questions posées est la suivante: en quoi les usagers des TIC contribuent-ils à l'élaboration ou à la redéfinition des formes de l'échange sociale et du lien social? Ce lien social qui "recouvre toute une palette de formes de relations, de situations d'interaction ou de modes d'agrégation qui se distribuent entre la sociabilité et la citoyenneté" [P. Chambat, 1992, p. 17]. Nous n'allons pas, dans cette proposition de communication, traiter la fameuse question qui a déjà suscité un débat depuis l'invention de téléphone: la communication à distance peut-elle remplacer la communication de face à face? Mais nous allons étudier, dans une approche communicationnelle, cette nouvelle forme de sociabilité qui émerge au sein du groupe professionnel des journalistes tunisiens. Elle consiste en une forme spécifique aux journalistes tunisiens qui est née du mélange de certaines pratiques socio-économiques (usages différents, manque de moyens, matériels à un prix élevé, manque d'une formation et des compétences en matière des TIC, besoin de s'étendre, de pratiquer le "chat", de réaliser des rencontres mêmes virtuelles, de communiquer...) car "les pratiques des nouvelles technologies ne mettent pas seulement en jeu la relation de l'individu à ces objets mais revêtent aussi un sens social" [J. Jouët, 1987, p. 78]. En effet, l'insertion et l'usage des TIC dans les entreprises de presse tunisiennes, si elles proposent des applications pour le travail, offrent également la possibilité aux utilisateurs de s'évader en détournant leurs usages [J. Perriault, 1989, p.208]. Autrement, elle a favorisé des usages non prescrits dans le programme des directions des journaux. Nos investigations sur le terrain nous ont permis de déduire que certains journalistes détournent leur utilisation des TIC vers des finalités autres que l'usage professionnel, par exemple pour se connecter avec d'autres personnes à l'extérieur de cadre de travail. D'autres effectuent des communications virtuelles avec des personnes n'appartenant pas au territoire local. On peut déduire que la pratique du "chat" est un moyen de communication en émergence dans l'espace publique et l'espace privé. C'est un moyen d'interaction qui met en jeu des relations sociales nouvelles et spécifiques. Pendant notre observation directe, nous avons remarqué que certains journalistes ont recourt aux TIC pour envoyer et recevoir des messages électroniques privés, pratiquer le “chat”, écouter de la musique, jouer aux cartes etc. Ils profitent de l'absence du chef de service rédactionnel pour ces détournements d'usages. Ainsi, la pratique de la messagerie apparaît comme un nouveau mode d'échange, de rencontre, de communication et du lien social. Pour étudier de près ces questionnements, nous avons effectué un travail de terrain en nous fondant à la fois sur des entretiens semi-directifs et sur l'observation directe. Nous avons effectué des entretiens auprès de journalistes, de secrétaires de rédaction, de rédacteurs en chef. Nous nous proposons de traiter ces différents aspects dans cette communication en commençant par quelques définitions et approches des notions d'usage et de sociabilité.
Mots clefs: TIC, usage, nouvelle forme de sociabilité, relation communicationnelle, entreprises de presse, Tunisie.