Les processus "d’innovations et de reproductions des cultures" se fondent toujours sur des formes techniques et symboliques, qui servent de cadre pour les communautés. Les "formes techniques" ont en règle générale un rapport direct à la communication: il s’agit des médias (audiovisuels ou numériques), des voies de communications au sens classique du terme - avions, trains mais aussi nouvelles autoroutes, ponts géants, tunnels (le Channel sous la Manche)... Ces "formes techniques" facilitent donc les processus de communication sociale, en reconfigurant le rapport à l’espace, au temps, et surtout aux autres. Mais elles contribuent aussi à produire des "formes sociales", c’est-à-dire des communautés, transitoires, virtuelles, ou bien concrètes.
Et ces "formes techniques" - médias, véhicules ou infrastructures - sont sans cesse "travaillées" par des processus d’adaptations et d’innovations, qui contribuent à transformer les sociétés et les communautés qui les constituent, faisant aussi évoluer les cultures, en les faisant se rencontrer, se mêler ou parfois s’affronter.
Cette session du colloque international "IRICS" voudrait analyser les processus des médiations techniques et technologiques qui œuvrent à produire les liens sociaux et même à les inventer (ainsi les nouvelles communautés de l’Internet), et à reproduire les structures communautaires, en leur inventant de nouvelles formes, en leur offrant de nouveaux territoires.
Notre approche, et la composition de la section (20 professeurs attendus) seront totalement interdisciplinaires, et bien sûr internationale. Des regards croisés issus de l’histoire des techniques, de la sociologie, de la philosophie (car il importe aussi d’étudier les discours sur les formes techniques et sociales...), de l’anthropologie culturelle et historique, de l’urbanisme et de l’architecture nous permettront de saisir au mieux l’interaction dialectique entre "formes techniques" et "formes sociales". Et nous constaterons surtout que leurs rapports sont processuels et souvent imprévisibles à certains égards (ainsi les communautés adolescentes et maintenant politiques se constituant par SMS), inventant un nouvel âge des médiations techniques, sociales et culturelles, à penser d’urgence, pour mieux comprendre notre "surmodernité".