ABSTRACT:
Forte de 17 000 membres dans 42 pays de la zone européenne, l'association étudiante AEGEE exploite un grand portail Internet associé à une centaine de listes de diffusion pour coordonner les actions de ses composantes et de ses adhérents. Elle milite pour l'intégration européenne et la mobilité des jeunes en Europe, et présente la spécificité d'exclure de sa structure le niveau national. A ce parti pris organisationnel s'ajoute une volonté exprimée de respecter les cultures des uns et des autres, tout en les rassemblant dans un cadre collectif.
Face à la menace d'une communication cacophonique, due à la grande diversité culturelle des adhérents, l'interface technologique peut être conçue comme une force de standardisation, le reflet d'une culture d'organisation qui a su inventer ses propres rites et pratiques sociales. Ces pratiques ont également une fonction symbolique qui dépasse l'utilitarisme interactionnel, et permet aux acteurs de manifester leur appartenance à une communauté fondée sur des valeurs partagées.
Grâce à l'analyse sémiotique du portail internet / intranet, et de messages extraits de certaines listes de diffusion, cette communication aura comme objectif d'examiner comment la forme technique contribue à poser un cadre culturel propre à l'organisation, et dans quelles conditions ce cadre peut supplanter les cultures nationales des adhérents pour structurer, à travers la communication, des formes sociales uniques à l'association.
Mots clefs: culture nationale, culture organisationnelle, dispositif technologique, communauté virtuelle, association multiculturelle