ABSTRACT:
Devant la soudaineté des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les médias sont devenus une source d'informations inépuisable et incontournable. Face à un événement atypique, télévision et presse entrent dans un processus d'adaptation et mettent en place de nouvelles formes de communication dans l'espace publique en configurant l'événement dans l'espace et le temps. Par la mise en place d'un discours simultané, ils jouent le rôle de filtres créateurs de stéréotypes et de représentations mentales. Les discours médiatiques portés sur les faits et la vulgarisation de l'information ont construit l'événement dans l'imaginaire collectif en y apposant des images, des représentations photographiques, ou télévisuelles, qui passent peu à peu du statut d'indice des faits à celui d'icône. La médiatisation des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis contribue en cela à l'archivage mémoriel des représentations de l'événement et surtout à l'illusion de création d'une communauté internationale.
Le type de savoir construit lors de la médiatisation est un savoir problématique, ouvert, complexe, travaillé par la dimension émotionnelle. La mondialisation de l'information qui fait suite aux faits induit une mondialisation de l'émotion et une solidarité internationale quasi-unanime. Le vécu individuel et privé de l'événement est omniprésent dans les témoignages et les récits médiatiques. Il est rendu public par les médias qui jouent alors le rôle d'agora où les émotions sont montrées et partagées par tous. Cette "publicisation" est une des modalités de la construction d'une mémoire commune et collective à partir d'appréhensions particulières et individuelles de l'événement, elle contribue à la constitution d'une "communauté diasporique" au sens de Dayan et Katz. Les mémoires individuelles se rejoignent alors dans une vision internationalisée du "11/09", elles contribuent à historiciser les faits, à ancrer l'événement dans une histoire présente. |
