ABSTRACT:
La communication médiée par ordinateur (CMO) et par téléphone mobile (CMT) connaît un développement incroyable depuis quelques années. Son succès s'explique notamment par le fait qu'elle permet de déployer des stratégies communicationnelles variables selon le mode utilisé (synchrone ou asynchrone) et l'objet médiateur sollicité (ordinateur ou téléphone mobile). Les pratiques scripturales qui en découlent intéressent fortement les Sciences Humaines même si ses spécificités nombreuses complexifient les méthodologies de recherche. Dans cette logique, nous proposons une typologie des procédés caractéristiques de cette écriture électronique qui parait "s'organiser" autour d'un triple processus. Les scripteurs produisent en effet des formes scripturales visant à simplifier la langue française, à la spécialiser et à marquer l'expressivité. Le processus de simplification va, par exemple, se traduire par le recours aux abréviations ou aux troncations par apocope, aphérèse ou aphérèse interne. Le processus de spécialisation peut résider dans les emprunts généralement "reproduits" à l'aide de notations sémio-phonologiques (qu'elles soient monosyllabiques - 2vant pour devant -, bisyllabiques - 2m1 pour demain - ou totales - kC pour casser -). Enfin le processus d'expressivité va notamment se manifester par la présence d'émoticons ou de répétition de graphèmes et de signes particuliers. Si les objets techniques médiateurs influent indéniablement sur le degré d'altération de la langue, les scripteurs (et les interscripteurs) restent les seuls décideurs. Ainsi, dans une perspective sociopragmatique, nous considérons que la surexploitation des procédés par un scripteur le fait tendre vers des actes perlocutoires effectivement réalisés et visés nombreux. Ce dernier semble en effet répondre, par cette pratique, à des enjeux identitaires et culturels essentiels.
Mots-clefs: CMO - CMT - dialogues synchrone et asynchrone - construction identitaire et culturelle - écriture électronique