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La poétique du trauma chez Leïla Sebbar
Subha Xavier (University of Miami, U.S.A.) [BIO]
Courriel: xavier@miami.edu
RÉSUMÉ:
Les nombreuses œuvres littéraires de l’écrivaine franco-algérienne Leïla Sebbar retournent en fugue à la question de son héritage mixte en rôdant autour de l’absence de l’arabe, langue paternelle, dans ses textes de langue française. À partir d’une analyse détaillée de son roman Je ne parle pas la langue de mon père et de quelques autres textes qui renvoient à cette même ignorance linguistique, mon intervention étudie la poétique qui naît du trauma d’un passé colonial, de la confrontation douloureuse entre deux cultures et deux langues – l’une bourreau et l’autre victime – dont l’écrivaine tire en même temps son identité et, par là, son inspiration littéraire. En nuançant l’œuvre de Sebbar par l’apport de la théorie du trauma, mon étude dévoile une poétique de la migrance qui s’articule dans la répétition et le retour à la scène d’une blessure originale provoquée par le contact langagier. Sebbar exploite ainsi les enjeux linguistiques du pouvoir colonial en revisitant ses souvenirs de l’arabe et du français pendant son enfance en Algérie. Ce faisant, elle complique l’équation coloniale en soulignant d’une part la misogynie du colonisé et d’autre part l’oubli propre au colon pour réaliser, selon moi, une vocation de sensibilisation de son lectorat français, et algérien. Sa création artistique prend donc source dans la souffrance pour aboutir à une vision politique et féministe qu’incarne la beauté d’une prose d’où prend forme la poétique du trauma.
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