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Internationale
Kulturwissenschaften International Cultural Studies Etudes culturelles internationales |
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"Interkultureller" Austausch, transkulturelle Prozesse und Kulturwissenschaften | |
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"Intercultural" Exchange, Transcultural Processes and Cultural Studies | |
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Echange interculturel, processus transculturel et études culturelles |
D. Simo (Yaounde) |
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Plus que les autres sciences, les études culturelles sont en Afrique une activité postcoloniale. J'entends par là une activité dont la conception et les objectifs sont déterminés par la colonisation d'une part, et dont l'objet est d'autre part constitué des conséquences matérielles et spirituelles de la colonisation. Ces études sont subdivisées en plusieurs disciplines, notamment la philosophie, les études littéraires et artistiques, l'histoire la sociologie, ainsi que l'anthropologie sociale ou l'ethnologie.
Déjà ces subdivisions montrent clairement l'influence de la pratique scientifique européenne, puisqu'elles reprennent les différentes questions et approches de cette discipline. Qu'une discipline comme l'ethnologie dont l'origine coloniale est évidente soit encore pratiquée, témoigne du poids de l'histoire. A partir des études scientifiques de la culture, il est possible de percevoir les contradictions, les contraintes et les limites des structures académiques et de la pratique scientifique en Afrique. Mais ce n'est pas ce tissu inextricable de dépendances que ne peut masquer une rhétorique sur l'émancipation, ce ne sont pas non plus les déficits organisationnels qui est au centre de notre préoccupation aujourd'hui. Nous voulons plutôt faire ressortir quelques paradigmes épistémologiques dans l'analyse des problèmes culturels, et en indiquer les conditions de possibilités.
Le fait que la première rencontre des intellectuels africains en 1960 n'ait pas porté sur les questions économiques ou politiques, mais sur des questions culturelles est révélateur de l'importance de la culture dans le débat postcolonial. Même les théoriciens importants de la colonisation et du colonialisme tels que Frantz Fanon ou Amilcar Cabral considéraient la culture comme une question centrale. La raison en est que la colonisation était certes un système d'exploitation économique et de domination politique, mais que ses conséquences les plus graves sont avant tout perceptibles dans le domaine culturel. La colonisation est considérée comme une action de déculturation et de glottophagie.
Les premières études culturelles ont été donc marquées du sceau de la Négritude et visaient à une "défense et illustration de la culture africaine". Ces études avaient alors trois objectifs:
Au même moment, les sciences de développement, c'est-à-dire celles axées sur la modernisation de l'Afrique, étaient à la recherche des voies et moyens de rattraper le retard économique et technique du continent par rapport à l'Europe et s'interrogeaient plutôt sur les types de comportement et d'attitudes qui représenteraient un frein au développement. Leur objectif était donc d'élaborer des stratégies d'éducation en vue de modifier les comportements et de les harmoniser avec les exigences modernes. Dans ce cadre, la culture n'était plus considérée comme un bien à conserver à tout prix, mais plutôt comme un problème.
Toutes ces recherches ont quelque chose en commun. Elles partent d'une conception plutôt essentialiste de la culture. Elles considèrent la culture comme quelque chose de congénital, donc comme une réalité inscrite dans l'être même de l'homme, et de ce fait, immuable. Même lorsque la possibilité d'une transformation est admise, celle-ci est considérée comme entraînant une modification totale de l'être profond de L'homme. Et selon qu'on la considère comme positive ou comme négative, elle est encouragée ou condamnée. A partir de là se développe une conception relativiste qui traite la différence en terme d'antinomie.
À côté de ce genre de recherches, il se dessine de nouvelles approches qui ne visent plus à dire ce qui constitue l'identité, ou à reconstituer des systèmes de pensée authentiques auxquels on confère un caractère ahistorique. Ces nouvelles approches sont plutôt à la recherche de nouvelles catégories pour décrire ce que Achille Bembe appelle "événement postcolonial" ou ce qu'on appelle aujourd'hui en Amérique "postcoloniality". Cette "postcolonialité" est caractérisée par l'émergence d'un nouveau savoir, par de nouveaux récits, par l'invention d'une nouvelle mémoire et la construction de nouveaux discours que les vieilles catégories disjonctives et substantialistes ne peuvent plus permettre de saisir. Ceci est bien entendu un exercice difficile, mais les déflagrations des guerres ethniques particulièrement meurtrières, guerres que les approches discutées plus haut ont favorisées, rendent une nouvelle manière de poser les questions d'autant plus urgente.
Le discours international autour de la notion
de postcolonialité a développé des concepts
tels que hybridité et syncrétisme dont la capacité
à saisir les réalités culturelles africaines
ont encore besoin d'être examinées pour en faire
des concepts opératoires. Dans ce contexte, il serait important
de discuter les thèses de Mikhail Bachtin
qui reste, à mon avis, celui qui a au mieux pensé
les situations de rupture et de transformation, les situations
d'interculturalité et de changements culturels subséquents,
ainsi que les mutations subséquentes dans la perception
de la réalité, la manière de sentir, de penser
et de parler.
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